Première course avec Adrien, on choisit une classique, la traversée de la Barre des Ecrins par le versant Sud.
Problème, nos emplois du temps respectifs nous imposent un retour à la maison le samedi soir et Adrien n'est dispo au départ de Grenoble que le vendredi à 20h30... On fera donc la course en style "one push", enfin presque puisqu'on ira quand même dormir 1 bonne heure et demie à Temple Ecrins!!!
On croise des alpinistes au bout du parking en train de finir de manger, qui nous demandent avec étonnement où nous allons à cette heure... Le refuge Temple Ecrins est à 2 heures de marche !
La montée à cette heure est magique, dans l'obscurité et le silence ponctué par moment par le bruit du Vénéon... Arrivé au plan du Carrelet l'ambiance est là aussi au rendez vous dans ces plaines sablonneuses grâce auquel la marche en grosses est rendue pour une fois tout à fait agréable.
L'arrivée à Temple Ecrins à 00h se fait là encore dans le silence car il ne faut pas réveiller la gardienne et les éleves guides italiens qui dorment déjà (ils ont le même objectif pour le lendemain). On se met vite sous les couvertures et on essaye tant bien que mal de trouver le sommeil sachant que le réveil est fixé 1H et quelques plus tard...
Au réveil on déjeune tous ensembles et on laisse partir devant les Italiens. Assez vite arrivent les névés du glacier et il faut sortir les crampons et s'encorder. On rattrapera les italiens au pied de la face Sud de la Barre (début des difficultés) mais ils nous distancerons finalement définitivement dans le rocher... Notamment à cause du fait qu'en arrivant au premier relais, oubliant que j'avais glissé mon piolet dans la bretelle de mon sac celui-ci ira faire un tour au pied de la face. Mais comme il est sympa il décide de s'arrêter en haut du cône de neige et de ne pas descendre jusqu'au refuge! Adrien me mouline et j'attrape de justesse le piolet en bout de corde.
Enfin peut commencer la vraie grimpe, enfin c'est plutôt un vrai pierrier, il faut faire gaffe à pas envoyer de pavasses sur la corde (tout en évitant celles qui viennent du dessus envoyées par nos prédécesseurs!).
Le rocher déroule tranquillement, juste quelques choix d'itinéraires à faire et enfin on débouche au pied du mur raide avec les câbles. La grimpe ne pose finalement pas trop de problème, ce qui en posera plus est la traversée de la gorge qui suit, en glace bleue. La remontée d'un éperon marque la fin des difficultés "rocheuses". On se pose, on mange une barre (on est pas pressé niveau timing et on voudrait pas se précipiter dans les névés suspendus où on sait qu'on ne pourra plus s'assurer "correctement"), puis enfin on commence à attaquer le névé supérieur (glacier des Ecrins, qui d'ailleurs n'est plus qu'un névé, les ascensionnistes d'aout finiront d'ailleurs dans un vrai pierrier).
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Grâce à une neige juste "souple" on progresse assez vite et en sécurité. Arrivés dans le couloir final sous la corniche Adrien reprend la tête et passe finalement la corniche sommitale pour arriver sur la Barre. On décide d'aller à la croix, puis c'est le retour en traversée assez longue sur cette arrete effilée et partiellement enneigée.
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Un rappel plus tard et on débouche à la brèche Lory. En sautant la rimaye sous le sommet je me rate et manque d'y passer... La fatigue est là il faut que j'ouvre un peu plus les yeux... Surtout que le col des Ecrins est encore loin, on enquille donc avec la descente de la face, dont la seule difficultée (minime) sera de passer un pont sur une énorme crevasse.
La remontée vers le col des Ecrins se fait en trainant les crampons, 2400 mètres en 10H, avec la concentration sur une bonne partie de l'itinéraire ça commence à faire long... On fait une bonne pause au col où on se remplit la panse car de l'autre côté ça fait pas rire les mouettes! Ca tombe dru et il ne faudrait pas se rater sur la dernière difficulté du parcours... On s'applique donc, et on se fait la descente des câbles en mode "via-ferrata" en se vachant. Cette descente est plutôt bizarre, les câbles descendent parfois à la verticale, il faut les saisir et à pleine main et descendre à la force des bras, et à d'autres endroits les points sont arrachés... Finalement on arrive au névés du glacier de Bonnepierre, où on voit le reste du chemin à parcourir...
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Ce sera le dernier supplice de la journée et il nous en prendra une bonne partie... A la fin on fera des pauses toutes les 20 minutes et on arrivera au parking vers 19H complètement déséchés et éreintés...
Au final, 20H pour cette course qui nous aura pris beaucoup d'énergie mais le tout dans la bonne humeur et sans problème particulier, bref magique et de très bon souvenirs pour cette 1ère avec Adrien!